Tapetum lucidum

 
Le jour est surface,
Imperméable.
La nuit est profonde,
Perméable.
Air noir.
Terre noire.
Arbres noirs.
Bêtes noires.
Mon corps noir.
Aucune couleur
ne nous sépare.

" Au sein de la forêt, j’ai réalisé une série de photos où apparaissent simultanément ceux qui partagent cet espace. Les photos sont prises exclusivement au moyen de pièges photos. Ces appareils captent un mois durant les animaux de passage. Dans un second temps la même caméra au même endroit capte mon passage. 

Toutes les photos sont réalisées de nuit. Car de nuit l’activité animale est plus dense. Car de nuit, lorsque je me rends sur les lieux de prise de vue, j’ai peur, je sursaute au moindre bruit et ressent l’inquiétude de la proie. Car la nuit, mes appareils fonctionnent en lumière noire ce qui homogénéise les éclairages et provoque le réfléchissement des yeux (appelé Tapetum Lucidum). Une manipulation numérique très réduite efface le décalage temporel entre nos passages. Cette série montre que la forêt est un espace commun et que les interactions sont permanentes. Elle interroge la relation interspécifique et nous invite à quitter une logique de prédation pour pointer que nous vivons en symbiose. Au minimum, admettre qu’en ce lieu, je ne suis pas plus légitime qu’un chevreuil. "